Pourquoi une gouvernance des données spatiales ?

La valeur d’un jumeau numérique ne réside pas seulement dans la géométrie : elle se joue au niveau de la gouvernance, c’est‑à‑dire l’ensemble des décisions, rôles, processus et contrôles qui garantissent que la donnée spatiale est fiable, traçable, interopérable et utile dans toute l’organisation. Dans l’industrie comme dans le bâtiment, la donnée 3D irrigue désormais la BIM Factory, l’ERP, la GMAO, le SIG, la conformité HSE et même le pilotage énergétique.

Principes directeurs

• Ownership clair de chaque jeu de données (métier, site, zone).
• Interopérabilité via standards (IFC, BCF, E57, DWG, GeoJSON) & taxonomies partagées.
• Qualité mesurable (tolérances, LOD, précision instrumentale, QA/QC ISO 9001).
• Sécurité & traçabilité (versions, journal d’audit, accès par rôles).
• Cycle de vie (création, validation, publication, archivage).

Qui doit piloter ? Rôles, RACI & comités

La gouvernance est une discipline transverse. Elle s’appuie sur un comité de gouvernance spatiale et une répartition RACI (Responsible, Accountable, Consulted, Informed) couvrant acquisitions, modèles, métadonnées, sécurité et intégrations SI.

Comité de gouvernance

• Sponsor (Direction industrielle / Immobilier) – valide la stratégie et les budgets.
• Data Owner (propriété métier) – porte la valeur d’usage et l’arbitrage.
• Data Steward / BIM Manager – garde‑fou qualité, nomenclatures, LOD.
• IT/Sécurité – IAM, sauvegardes, politiques de chiffrement et durées de rétention.
• Intégrations (ERP/GMAO/SIG) – mapping des attributs, flux ETL/ELT.
• Exploitants & HSE – retours terrain et besoins opérationnels.

Modèle de données & métadonnées : la colonne vertébrale

Un modèle robuste aligne géométrie (nuages de points, maquettes BIM, orthophotos) et attributs (codes équipements, familles, systèmes, criticité, P&ID, coûts, maintenance). Les métadonnées décrivent provenance, précision, versions et droits d’usage.

Qualité & tolérances

• Déclarer la précision instrumentale et la tolérance de modélisation par famille d’objets.
• Traçabilité et versioning : identifiants immuables, règles de fusion/split.
• Contrôles QA/QC (échantillonnage, comparaisons scan↔modèle, écarts RMS).

Intégrer au BIM : du nuage de points à la donnée exploitable

La chaîne Scan→Process→Model→Publish produit un jumeau numérique discipliné. La plateforme United3D et notre maîtrise de FARO Sphere XG sécurisent l’alignement, la segmentation et la diffusion multi‑acteurs.

1. Acquisition : stations fixes + mobile, calage géodésique, référentiel unique.
2. Traitement : filtrage, registration, classement, colorimétrie.
3. Modélisation BIM : LOD 300–500 selon usages (études, exécution, as‑built).
4. Publication : IFC, BCF pour issues, vues 360°, orthophotos, maquette fédérée.

Intégrer aux SI (ERP, GMAO, SIG) : mapping & flux

La donnée spatiale ne doit pas rester « à côté » du SI cœur. Elle l’alimente via des mappings d’attributs et des flux maîtrisés (API, ETL/ELT). On distingue les synchronisations maître→esclave (ex. TAG depuis GMAO) et les flux bidirectionnels (ex. statuts d’anomalies BCF↔GMAO).

Bonnes pratiques d’intégration

• Catalogue d’attributs commun (dictionnaire de données) et data mapping.
• Identifiants pérennes (GUID IFC, TAG, UID équipement) pour l’appariement.
• Webhooks & API pour synchroniser statuts, documents, ordres de travail.
• Règles de transformation (unités, arrondis, formats de date, codes listes).
• Modèle de permission aligné IAM (RBAC/ABAC) et confidentialité sites sensibles.

Cycle de vie & processus décisionnels

1. Création (scan, import) → pré‑qualif.
2. Validation (QA/QC) → publication contrôlée.
3. Diffusion (droits, catalogues, liens profonds).
4. Exploitation (ERP/GMAO/SIG) → feedback & corrections.
5. Archivage (politique de rétention, redondance, offloading).

Indicateurs clés

• ✅ Complétude attributaire > 98%
• ✅ Précision modèle vs scan < 5 mm RMS
• ✅ Délai publication < 72 h post‑scan
• ✅ Taux d’appariement BIM↔GMAO > 95%

Sécurité, conformité & continuité

• Contrôle des accès par rôles, cloisonnement par site, liens temporaires.
• Traçabilité des modifications (log d’audit) et versions figées.
• Plan de reprise (sauvegardes, multi‑région, tests de restauration).
• Conformité documentaire (plans, notes de calcul, fiches techniques associées).

Étapes de déploiement (méthode S3D)

1. Diagnostic : cartographie sources, flux, usages et irritants.
2. Cadre de gouvernance : rôles, RACI, comité, politiques qualité.
3. Modèle & dictionnaire : taxonomies, codes, unités, tolérances.
4. Pilote : site/zone critique, scénarios ERP/GMAO, indicateurs.
5. Industrialisation : connecteurs, automatisations, formation, change.